Clap ! – Episode 11 – M Le Maudit

Clap ! – Episode 11 – M Le Maudit

Film noir en pleine lumière

Salut, t’es là ? Parfait !

T’en as marre de passer pour un noob à chaque fois qu’on parle de cinéma et t’aimerais pouvoir briller en société toi aussi ?

Je n’ai qu’un film à te conseiller, c’est M le Maudit de 1931, de Fritz Lang. Avec ça, tu pourras clouer le bec à tous les cinéphiles en herbe qui croiseront ta route. Par contre, vu le sujet, je te garantis pas l’ambiance de la soirée …!

Je te fais un rapide résumé : Dans une cité ouvrière, une mère attend impatiemment le retour de sa fille de l’école, mais un inconnu, dont tu ne verras que l’ombre, réussit à attirer la fillette avec des sucreries et un ballon. Peu de temps après, la police découvre le corps sans vie de l’enfant et se met à la recherche du criminel. L’enquête ne mène à rien et les habitants en viennent à se soupçonner les uns les autres. Les dénonciations anonymes commencent à devenir monnaie courante et les policiers sont rapidement à bout de forces.

Un des meilleur film de l’histoire…

Outre le fait que ce soit en noir et blanc parce qu’en 1931 on ne sait pas encore fixer la couleur sur les pellicules, M le Maudit est considéré comme l’un des meilleurs films jamais réalisé à ce jour. C’est également l’œuvre cinématographique la plus analysée de l’histoire et ça ce n’est pas rien quand même !

M le Maudit - TAP Castille - Cinéma
Peter Lorre dans le rôle du maudit

Dans l’antre du roi de la montagne

M le maudit c’est avant tout une musique qui te trotteras dans la tête, un peu comme A la volette de Kaamelott mais en plus désagréable. Le refrain que M sifflote à de nombreuses reprises dans le film, « Dans l’antre du roi de la montagne », extrait de Peer Gynt d’Edvard Grieg, est bien connu aujourd’hui pour être particulièrement dérangeant. D’ailleurs, si les publicitaires l’utilisent pour faire un clin d’œil au grand cinéaste que fût Fritz Lang, les téléspectateurs eux ont pris l’habitude de zapper dès l’entente des premières notes.

Un film d’époque

M le maudit c’est aussi un film à replacer dans son contexte. L’histoire prend place dans l’Allemagne des années trente avec la montée en puissance du nazisme et la crise économique. Une période peu propice à la gaieté et à la joie de vivre. Le film est imprégné au contraire d’une violence, d’une peur et d’une tension qui vont croissantes au fur et à mesure de l’histoire jusqu’à atteindre un point critique où la justice et la compréhension ont totalement désertées le champ de bataille. Le personnage de M devient alors le bouc émissaire de toutes les angoisses et les peurs de la population. De prédateur au début de l’histoire, il devient rapidement la proie, pourchassée par les habitants et menacés par les gangsters et les policiers.

Ombre et lumière

M. le Maudit c’est également un film visuellement très beau. Outre l’utilisation des ombres et des lumières, les plans sont en majorité chaotiques, la faute à une caméra jamais fixe. Tout cela contribue à faire monter la tension et à mettre le spectateur mal à l’aise, à l’instar de M, ce personnage qui paraît ne rien ressentir mais finit transit de peur et d’incompréhension. De son côté Fritz Lang choisit de nous montrer aussi souvent que possible l’ombre de M, plutôt que son visage, allusion probable à cette ombre qui se cache en chacun de nous.

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La lumière devient effrayante et l’ombre accueillante

Peter Lorre

Mais M le maudit c’est aussi un visage, celui de Peter Lorre. L’acteur est un débutant dans le film de Fritz Lang et quel début. On pourrait croire que jouer un tueur d’enfant n’est pas le meilleur moyen de commencer une carrière mais que nenni. Forcé à quitter l’Allemagne en 1933 à cause de ses origines juives, il part à la conquête de l’Amérique et rencontre un certain Alfred Hitchcock. Trois ans après son départ d’Allemagne, l’acteur, alors au sommet de sa carrière, reçoit une lettre écrite par Hitler. Cette lettre exprimait son admiration pour l’acteur notamment pour son rôle dans M le maudit, où il jouait le tueur d’enfants, et annonçait que Lorre pouvait retourner en Allemagne y continuer sa carrière malgré son origine juive. Peter Lorre répondit au dictateur que l’Allemagne avait déjà un assassin de masse et qu’il n’y avait pas de place pour un deuxième. Un affront qui valu à Peter Lorre de se retrouver en 3e position sur la liste des personnes à supprimer de l’Allemagne nazie. 

Un film parfait

On va être clair. C’est un bon film, beau, intelligent, bien fait et bien interprété. Il n’y a aucune fausse note, aucune scène inutile, aucune faute de rythme. C’est parfait. Alors je te laisse le découvrir et non je ne te raconterais pas la fin parce que, premièrement je n’ai pas envie, deuxièmement ça ne se fait pas et troisièmement… Tu sais bien qu’on ne peut pas connaître un film sans l’avoir vu… !

Marjorie Glenisson